Psychologie et performance: la force du mental - avec Julie Doron et Armel Tripon
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C’est accompagnée d’Armel Tripon, vainqueur de la Route du Rhum 2018 en catégorie Multi50, que Julie Doron, chercheuse en psychologie de la performance à Nantes Université et ancienne sportive de haut niveau s’intéressera à la place du mental dans les performances sportives. En repoussant les limites de l’impossible, les athlètes de haut niveau incarnent indéniablement le dépassement de soi. Progresser, se surpasser, sortir de sa zone de confort sont leurs leitmotivs au quotidien. Mais quel est le sens donné à cette quête de performance ? Jusqu’où doit on aller pour la victoire ? Sommes nous capables d’échouer pour gagner ?
Armel Tripon
A 42 ans, le skipper nantais Armel Tripon est à la tête du Multi50 RÉAUTÉ CHOCOLAT. Patron du team, ce marin autodidacte a navigué sur tout ce qui flotte sur une coque. En trimaran océanique, sa toute première saison est déjà formidable : deux victoires et quatre podiums. Et surtout dernièrement vainqueur de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe ! Résumé de son parcours…
Marié et père de trois garçons, Nantais pur jus, même si son port d’attache est dans le Morbihan à La Trinité-sur-mer, Armel Tripon n’est pas du sérail. Personne d’autre que lui dans sa famille n’est navigateur. La passion l’a surpris par une nuit étoilée, quand des copains de lycée l’embarquent à bord d’un petit voilier en baie de Quiberon. « C’était magique, j’ai tout de suite su que c’était ce que je voulais faire, que ma vie était là, sur l’eau », raconte-t-il. Armel passera par l’inévitable école de voile des Glénans. Il s’y formera puis passera éducateur à son tour. Il y sera notamment moniteur d’autres coureurs au large connus aujourd’hui, puis préparateur technique en Figaro.
La compétition, il l’aborde logiquement comme la plupart des aventuriers des mers : via le Mini. Une coque de noix de 6,50 m, à bord de laquelle depuis 1977 ceux qui veulent tâter du grand large s’enhardissent et finissent par traverser l’Atlantique à l’ancienne. C’est à dire avec de faibles moyens et pas de communication possible avec l’extérieur. Une course de légende, créée par le Britannique Bob Salmon voilà tout juste 40 ans. Armel s’y frotte une première fois en 2001, mais c’est en 2003 qu’arrive la consécration. A Salvador de Bahia, cette année-là, les journaux titrent sur « le miraculé »… car une poignée d’heures avant l’arrivée, la coque de son frêle voilier a été abordée par un cargo ! « Miraculé » mais grand vainqueur de la mythique transatlantique, Armel Tripon va s’appuyer sur cette grande performance pour intégrer quelques années plus tard la très exigeante Classe Figaro Bénéteau. C’est l’heure du professionnalisme, de l’apprentissage du très haut niveau.
Du Mini à l’IMOCA
Pendant sept saisons, il décrochera quelques podiums et bons résultats et traversera l’Atlantique au moins une fois par an, en solitaire ou en double. La taille du bateau n’est plus la même (10 mètres) et la monotypie exige beaucoup de rigueur et de méthode : quand tous les concurrents ont le même bateau et que le niveau est au plus haut, il faut se surpasser…
C’est ce qu’il fera également en Class40 après l’expérience Figaro, avec là aussi quelques bons résultats (victoire sur Les Sables-Horta, podiums…). Déterminé et bosseur, le marin nantais décroche ensuite un budget pour un IMOCA, la catégorie reine des monocoques, celle des bateaux du Vendée Globe. Contre toute attente, il offre une vraie opposition aux stars de la voile pendant les courses de préparation. Puis en 2014, il décroche en solitaire une magnifique place de quatrième sur la prestigieuse Route du Rhum, juste derrière trois héros du Vendée Globe : François Gabart, Jérémie Beyou et Marc Guillemot. Surprise totale dans le milieu où pas grand monde ne l’attendait à un tel niveau de performance.
Mini 6.50, Figaro, Class40, IMOCA… de 6,50 m à 18,28 m Armel a bouclé la boucle des monocoques océaniques de compétition. Son intérêt se porte alors logiquement vers les bateaux à plusieurs coques, ces trimarans si rapides et si spectaculaires, véritables machines à créer du vent. Persuadé que la classe Multi50 est le choix idéal – parce qu’elle reste accessible côté budget et qu’elle a ouvert sa jauge l’an dernier en autorisant les foils, ces appendices qui permettent de soulager le bateau du frottement de l’eau et donc d’atteindre de très hautes vitesses – Armel Tripon se voit confier la barre du Multi50 RÉAUTÉ CHOCOLAT. Il apprend vite, en s’entourant de jeunes marins expérimentés sur ce genre de bateau comme… Vincent Barnaud, son boat captain avec qui il a participé à la Transat Jacques Vabre 2017. Sur six courses à la barre de RÉAUTÉ CHOCOLAT il s’est offert deux victoires, deux places de deuxième et deux places de troisième dont une sur la fameuse Transat Jacques Vabre ! Et il y est souvent à la lutte avec son camarade des années Mini, à savoir le redoutable Erwan Le Roux qui fait figure de véritable patron de la classe sportivement, tant son niveau est élevé.
Cette année, Armel Tripon effectuait sa toute première transatlantique en multicoque en solitaire sur la Route du Rhum – Destination Guadeloupe ainsi que sa vingtième transatlantique ! La suite… nous la connaissons. Deux ans seulement après son arrivée sur le circuit Multi50, Armel et son Multi50 Réauté Chocolat ont remporté la Route du Rhum – Destination Guadeloupe 2018 en 11 jours 7 heures 32 minutes et 40 secondes !
Julie Doron
Ancienne sportive de haut niveau en escrime (sabre), Julie DORON est docteure en Sciences et Techniques des Activités Physiques et Sportives (STAPS), spécialisée dans le domaine de la psychologie de la performance. Elle est depuis cette année Maître de Conférences à l’UFR STAPS et mène ses activités de recherche au sein du laboratoire « Motricité, Interactions, Performance » de Nantes Université. Ses travaux portent sur l’adaptation des individus confrontés au stress en situation de performance et, plus généralement, sur les processus psychologiques impliqués dans la production de performance. En tant que vice-présidente de la Société française de psychologie du sport (SFPS), elle s’implique également dans la diffusion des connaissances scientifiques dans les domaines de la psychologie du sport et de l’activité physique. Enfin, elle réinvestit son expérience et son expertise sur le terrain dans le cadre de missions d’accompagnement psychologique de la performance, auprès des athlètes et entraineur·euses de haut-niveau de différentes fédérations sportives (entre autres la Fédération Française d’Escrime, la Fédération Française de Badminton, la Fédération Française de Ski ou la Fédération Française de Basketball).